26 ans au cœur du drame : mon expérience dans la série « Les Feux de l’Amour »
Les feuilletons télévisés, autrefois piliers du paysage audiovisuel, offraient aux acteurs une stabilité professionnelle et aux téléspectateurs un flot continu de drames. Dans les années 1980, ces séries ont connu un pic de popularité, une époque marquée par des coiffures extravagantes et des rebondissements encore plus fous. C’est à cette période que j’ai entamé un périple de 26 ans comme brancardier dans « Les Feux de l’Amour », un rôle qui m’a offert une perspective unique sur les coulisses de la télévision diurne.
Mon personnage était un employé dévoué de l’hôpital Cedars, un établissement médical fictif où les lois de la réalité étaient souvent suspendues. Les inversions de tests de paternité étaient monnaie courante, les demandes de remboursement inexistantes et chaque patient jouissait du luxe d’une chambre privée. Ce décor fantasque servait de toile de fond à d’innombrables intrigues dramatiques, et mon rôle, bien que modeste, était partie intégrante de la série. Mes principales responsabilités consistaient à accompagner le Dr Bauer lors de ses visites et à faire écho aux moindres paroles de l’infirmière Lillian. Mes dialogues se résumaient souvent à des mots isolés, notamment « Vite ! », que je lançais avec un enthousiasme croissant lors des scènes chirurgicales, m’assurant ainsi d’être remarqué.
Le défi le plus redoutable que j’ai rencontré durant mes années dans « Les Feux de l’Amour » concernait les portes battantes des urgences. Ces portes possédaient un mécanisme déroutant : pour entrer, il fallait tirer les barres métalliques vers l’arrière ; pour sortir, il fallait subtilement tirer les barres puis les pousser vers l’avant. Cette conception contre-intuitive conduisait fréquemment les acteurs à se retrouver piégés au milieu d’une scène, interrompant le flux des moments dramatiques impliquant des personnages angoissés ou des brancards précipités. En tant que brancardier attitré de la série, je me retrouvais souvent chargé de résoudre ces dilemmes liés aux portes.