Tabous : quand la TV explore les rites extrêmes
La série documentaire de National Geographic « Taboo » explore des pratiques culturelles inhabituelles et souvent choquantes à travers le monde. Si initialement elle promet une exploration sereine de singularités culturelles, l’émission bascule rapidement dans des démonstrations graphiques de cruauté envers les animaux et de rites pouvant être profondément perturbants. La barbarie et la violence gratuite affichées sont souvent accablantes et choquantes, soulignant un contraste saisissant entre les sensibilités occidentales modernes et les traditions plus primitives de certaines cultures.
Les présentateurs tentent d’encadrer ces pratiques avec un certain relativisme culturel, en insistant sur l’importance de comprendre et de préserver la diversité des cultures. Ils soutiennent qu’il est inapproprié de juger des pratiques que nous ne comprenons pas et soulignent la nécessité de garantir que ces traditions ne se perdent pas. Cependant, la nature extrême de certains rituels présentés soulève des questions quant à la valeur de préserver des pratiques qui semblent enracinées dans des croyances et des traditions destructrices. La frontière entre la préservation culturelle et la perpétuation de pratiques néfastes devient floue.
Un exemple particulièrement troublant met en scène une tribu africaine où une femme, se prétendant réceptacle d’un esprit, préside à des sacrifices d’animaux. Des animaux vivants, dont un veau, sont égorgés et laissés à se tordre dans leur sang tandis que les gens dansent autour d’eux. La femme se contente de déclarations simplistes comme « tout ira bien » à ceux qui cherchent de l’aide, laissant les spectateurs s’interroger sur l’efficacité et les implications éthiques de tels rituels.
Le style de tournage immersif de l’émission, rappelant les documentaires animaliers de David Attenborough, capture avec force la brutalité de ces pratiques. Bien que la qualité de la production soit indéniablement élevée et le sujet indéniablement intéressant, le contenu graphique n’est pas pour les âmes sensibles. Les amis des animaux, en particulier, sont invités à éviter certains épisodes, bien que l’absence d’avertissements préalables rende cela difficile. La représentation crue de la mort et de la souffrance peut laisser une empreinte durable, il est donc conseillé d’éviter de regarder l’émission juste avant de se coucher.
La série laisse finalement les spectateurs aux prises avec des questions complexes sur le relativisme culturel, la valeur de la tradition et les limites de la tolérance. Tout en offrant un aperçu de pratiques culturelles rarement vues, le contenu graphique et les thèmes troublants de l’émission en font un visionnage difficile pour beaucoup. L’accent mis sur la préservation des traditions se heurte à la dure réalité des pratiques néfastes, laissant les spectateurs face aux dilemmes éthiques présentés. Peut-être qu’au lieu de privilégier la préservation de telles traditions, il serait plus judicieux de se concentrer sur l’éducation, la science et l’amélioration des soins de santé pour ces communautés.