Van Helsing : Représentation féminine et narration sous la loupe
La série Syfy Van Helsing dépeint un monde post-apocalyptique infesté de vampires, avec Vanessa Helsing, descendante du célèbre chasseur de vampires, en son centre. Bien que la série mette en avant des personnages féminins forts occupant des positions de pouvoir, son approche de la représentation de la force féminine et de la remise en question des normes sociétales est parfois maladroite. Une scène du début illustre bien ce problème : Vanessa surprend un homme agressant sa compagne et intervient, le battant avec détermination.
Cette scène, bien qu’elle vise à mettre en valeur les compétences de combat de Vanessa, utilise par inadvertance un trope éculé : une femme prouvant sa force en affrontant violemment un homme déjà établi comme violent. L’intention pourrait être de dépeindre Vanessa comme une protectrice des vulnérables, mais l’exécution s’appuie sur une dichotomie simpliste du « bien contre le mal » qui manque de nuance. La scène aurait pu atteindre le même objectif d’établir les capacités de Vanessa sans recourir à une représentation aussi lourde de la violence domestique.
De plus, la série semble parfois privilégier les démonstrations manifestes d’autonomisation féminine au détriment d’un développement subtil des personnages. Bien que Van Helsing mette en scène une femme médecin, une cheffe militaire et des soldats suivant les ordres d’une femme, ces représentations positives sont parfois éclipsées par des moments qui semblent forcés ou moralisateurs. La force de la série réside dans son casting diversifié de femmes compétentes, mais le récit trébuche parfois dans ses tentatives de mettre en lumière ces forces. La subtilité et la nuance, comme le montrent les scènes où les femmes occupent naturellement des positions d’autorité et de respect, sont bien plus efficaces que des scénarios artificiels conçus pour faire valoir un point précis.
Le problème central ne réside pas dans le fait d’avoir une protagoniste féminine capable de se battre ; il s’agit du contexte dans lequel cette prouesse au combat est affichée. La compétence de Vanessa peut être établie à travers divers défis, et pas seulement en la confrontant à un homme manifestement violent. Ce recours à un trope prévisible peut aliéner les téléspectateurs et nuire à la narration globale. Il existe des moyens plus créatifs et moins problématiques de mettre en valeur la force et les capacités de combat d’un personnage féminin dans le contexte d’une apocalypse vampirique. Affronter des menaces surnaturelles, diriger une résistance et prendre des décisions stratégiques dans des situations de haute pression sont autant d’alternatives convaincantes.
En fin de compte, Van Helsing soulève des questions importantes sur la manière de représenter efficacement l’autonomisation féminine dans les médias. Les créateurs de la série visent clairement à remettre en question les rôles traditionnels des sexes et à présenter des personnages féminins forts. Cependant, l’exécution est parfois décevante, s’appuyant sur des tropes simplistes et sacrifiant une narration nuancée au profit d’une démonstration. Le potentiel de la série pour un commentaire social significatif est parfois miné par sa tendance à la moralisation excessive. Les personnages féminins forts ne sont pas intrinsèquement problématiques ; c’est l’écriture paresseuse qui les accompagne parfois dans Van Helsing qui doit être abordée. Une approche plus réfléchie du développement des personnages et de la narration permettrait à la série d’explorer des thèmes complexes liés au genre et au pouvoir sans recourir à des tropes prévisibles et potentiellement aliénants.